Dans la catégorie j’aime quand les savoirs s’interconnectent : petit parallèle entre équitation éthologique et ma façon de travailler.

Il y a quelques années, j’ai découvert une nouvelle façon d’appréhender la relation cheval-cavalier et donc de pratiquer l’équitation : l’équitation éthologique.

Cette approche prend en compte l’expérience des méthodes de dressage des chuchoteurs et les connaissances scientifiques en éthologie animale.

L’éthologie appliquée est l’étude des comportements des animaux dans un milieu aménagé par l’Homme et dans le cas des chevaux dans le milieu équestre. C’est notamment avec l’approche d’Andy Booth que j’ai commencé à m’intéresser à cette manière de communiquer avec les chevaux. Et c’est avec étonnement que j’ai constaté qu’il y avait de grandes similitudes entre sa vision de son travail et la façon dont je pratiquais le mien. J’y ai trouvé des principes communs. Lui travaillant sur la compréhension entre l’Homme et le cheval moi sur le lien entre une personne et son corps.

 

 

Andy Booth a constaté que beaucoup de problèmes dans les relations chevaux-cavaliers venaient du fait que ces derniers prêtent souvent des intentions humaines à leurs chevaux. Ils projettent des sentiments, des calculs, des objectifs et des émotions humaines sur des comportements équins.

C’est l’anthropomorphisme qui nous fait mettre un cerveau humain dans la tête d’un animal. C’est-à-dire de lui prêter des intentions ou des stratégies dont il n’est pas capable. Un cheval ne peut pas avoir de « mauvaises » intentions, ne peut pas avoir un comportement « dans le but d’embêter son cavalier ». La partie néocortex de son cerveau est beaucoup moins développée que chez l’être humain, et il ne peut pas « raisonner » comme nous.

Dans son approche, il explique que les chevaux doivent être abordés comme de gros mammifères très bien adaptés à leur environnement. Ils sont herbivores, leur nourriture ne bouge pas, ne risque pas de s’enfuir. Ils n’ont donc pas à construire une stratégie d’approche, de calcul des distances et d’attaque comme le ferait un prédateur pour se nourrir. Dans leur milieu naturel ce sont des proies dont le premier mode de défense est la fuite. Il est donc « logique » pour un cheval de d’abord essayer de fuir si quelque chose ne lui convient pas. Leur capacité cognitive à éviter le danger et à mémoriser des associations est très grande.

Pour moi, on peut aussi appliquer ce raisonnement aux connaissances que nous avons sur le corps humain ou la psychologie. 

Si je connais les liens anatomiques entre les différentes structures du corps, le rôle de chaques tissus, la physiologie des organes je peux mieux comprendre les protections, les blocages, les sur-utilisations. Le corps et les sensations physiques deviennent alors des indicateurs très précieux que je peux utiliser pour mon confort. Si j’étudie la psychologie, les émotions, le langage corporel ou verbal, je peux mieux comprendre le comportement humain. Mes pensées et mes émotions deviennent des aides qui peuvent m’orienter vers mon bien-être.

Or, la plupart du temps, on n’apprend pas tout cela. Et il faut vivre avec un corps que l’on ne comprend pas, que l’on n’a pas appris à écouter. Il faut gérer des émotions que l’on ne sait pas identifier, apprivoiser des pensées dont on ne connaît pas l’origine. Et il faut interagir avec d’autres personnes dont on ne connaît pas bien le fonctionnement.

Ainsi, un peu à la façon d’un cavalier qui, ne connaissant pas le fonctionnement de sa monture, projette SON fonctionnement dessus, nous avons tendance à projeter nos raisonnements, notre logique sur les autres. Cette erreur entraîne très souvent de l’incompréhension. Nous n’avons pas appris à nous mettre à la place de l’autre, à prendre conscience que chaque personne est différente et a sa manière de penser qui lui est propre. Ce qui est logique pour quelqu’un ne l’est pas pour un autre. Ce qui est acceptable pour une personne, ne l’est pas pour une autre… Ces projections sont un moyen de nous rassurer car pour notre inconscient, ce qui est inconnu, différent est potentiellement dangereux. Il est donc plus facile pour lui de projeter un système connu (le sien !) sur un autre individu (ou un animal, voire un objet) que de prendre en compte un nouveau système. Écouter et savoir utiliser ses sensations physiques, ses émotions, demande un apprentissage de soi. Communiquer demande de faire un changement de point de vue.