La médecine chinoise considère le fonctionnement du corps et de l’esprit comme l’interaction de certaines substances vitales. L’individu est envisagé comme un ensemble organisé de façon hiérarchique sur trois niveaux appelés les Trois Trésors San Bao : le Shen, le Qi et le Jing. En haut le Shen (la conscience organisatrice), représente le ciel, gouverne l’ensemble et gère tour ce qui concerne les activités mentales, psychiques, émotionnelles. En dessous le Qi (l’énergie) désigne dans ce contexte l’animation métabolique de l’Homme. Enfin, à la base il y a le Jing (principe vital), tourné vers la Terre, la matière, qui est le support de la manifestation corporelle de l’individu.
A partir de ce concept fondamental de Trois Trésors, s’ajoutent deux autres substances qui sont finalement des émanations du Qi et du Jing : le sang et les liquides organiques.
Le qi

Pour bien comprendre l’origine du Qi, il faut se rappeler du symbole du Tai Ji. L’animation du Yang sur le Yin statique provoque une impulsion, une circulation, une évolution permanente, incessante, rythmée qui est l’expression du Qi. De manière générale le Qi représente, au sein de l’Univers, sur Terre et dans l’Homme tout dynamisme, tout métabolisme, tout mouvement développé par l’interactivité du Yin/Yang, permettant la manifestation, la croissance, le développement, l’activité de toute chose, de tout être ou de tout phénomène.
Dans le corps, c’est le sang qui transporte l’énergie partout, et c’est l’énergie qui donne la force motrice au sang. Sans énergie il y a stagnation du sang et sans sang il n’y a pas de moyen de transport de l’énergie. Le Qi n’est pas la cause du mouvement parce que le Qi est inséparable du mouvement. Il est, par exemple, la source de la croissance de l’organisme, mais il grandit également avec le corps.
Le Qi est la manifestation invisible d’un phénomène matériel visible. C’est la vapeur d’un grain de riz qui cuit. La vapeur représente la partie éthérée de la cuisson et le grain de riz la matérialisation du phénomène. Sans grain de riz pas de vapeur, mais sans cuisson par la vapeur le riz n’est pas consommable.

Le Qi est fondamentalement Un, il possède une nature unique et stable. Mais ses manifestations sont multiples et provoquent une apparente différence dans la manière dont il programme les mouvements, organise les autres substrats, ordonne ses rythmes. Le Qi est présent sous différentes formes, dans le vent, l’eau et tout ce qui nous environne. Il est la force motrice qui sous-tend le fonctionnement de l’univers. Tout le Qi dans le corps est nommé en termes généraux comme Qi normal Zheng-qi ou vrai Qi Zhen-qi. C’est le Qi avant qu’il ne se différencie en formes spécifiques ou soit associé à des fonctions spécifiques.
Le jing

Le Jing est la trame de vie, le programme d’existence, la matrice qui sont à la base de toute manifestation. Le Jing est un champ de possibilité à travers lesquelles la vie peut s’exprimer et se développer. C’est le support et la réserve des qualités et des caractéristiques intimes et spécifiques de chaque être vivant. Il est un potentiel, un champ de possibilité à travers lesquels la vie peut s’exprimer et se développer. Le Jing apparaît comme l’énergie la plus précieuse du corps, la plus profonde et la plus noble : on lui doit la vie et elle nous permet de la transmettre.
Le Jing est une réserve utilisée en permanence pour soutenir la structure corporelle et pour maintenir les fonctions vitales de l’organisme. Il peut être comparé à une bougie allumée que nous recevons de nos parents. Tant que celle-ci éclaire, nous sommes en vie. La cire de la bougie symbolise le Jing inné et la flamme la transformation permanente du Jing en énergie nécessaire au maintien de la vie. Cette bougie a une certaine taille et donc une durée de vie limitée. Pour vivre bien et longtemps, nous devons régulièrement alimenter cette bougie avec le combustible extrait de notre environnement, le Jing acquis. Ce combustible va permettre de ralentir, d’économiser la consommation de la bougie elle-même.

Le Jing inné ou Jing du ciel antérieur
Il nous est transmis par les parents au moment de la conception. Il est le vecteur des caractères de l’espèce, des lignes ancestrales et des deux parents. La qualité de ce Jing résulte donc du capital vital de l’espèce, des ancêtres et des parents. C’est le fruit du Jing des deux parents mais aussi du Jing « acquis » que la mère a capté dans son environnement puis fourni au fœtus tout au long de sa grossesse. Ce Jing du ciel antérieur est limité en quantité et non renouvelable. Il constitue nos réserves les plus précieuses. De sa qualité et de sa quantité, dépendent notre santé, notre équilibre, notre vitalité, notre longévité.
Le Jing acquis ou Jing du ciel postérieur
La production du Jing du ciel postérieur nous vient principalement de l’énergie de l’air (énergie du ciel), des aliments et des boissons (énergie de la Terre). Ce Jing acquis est primordial puisqu’il nous permet de moins dépenser et donc de conserver notre Jing inné.
Lorsque le Jing devient défaillant aux abords de la vieillesse, les signes habituels d’épuisement du Jing s’accélèrent : blanchiment et chute des cheveux, chute des dents, difficulté à tenir debout, mémoire faible.
Le shen

Le Shen se traduit le mieux par la notion d’esprit. Si le Jing est la source de la vie et le Qi la capacité de l’activation et du mouvement, alors le Shen est la vitalité derrière le Jing et le Qi dans le corps humain. La conscience humaine indique la présence du Shen.
Le Shen est une substance fondamentale du corps humain. Il a un aspect matériel. Chez une personne saine, le Shen est la capacité de l’esprit de formuler des idées et correspond au désir qu’a une personne de vivre la vie. Il est associé à la force de la personnalité humaine, à la capacité de penser, de différencier et de faire des choix adéquats. Son origine est analogue à celle du Jing : chaque parent contribue à la création du Shen de sa descendance et le Shen est aussi continuellement et matériellement nourri après la naissance.
Le sang

Le Sang (Xué) de la terminologie médicale chinoise n’est pas la même chose que ce que l’occident appelle sang. Son activité principale est de circuler continuellement à travers le corps et de nourrir, de maintenir et d’en une certaine mesure d’en humidifier les différentes parties.
Le Sang et le Qi, bien que généralement distincts, ont une relation de dépendance mutuelle et indissoluble. Le Qi crée le Sang, le met en mouvement et le maintient également à sa place. A son tour, le Sang nourrit les Organes qui produisent et contrôlent le Qi. Le Sang se déplace principalement dans les vaisseaux sanguins mais également dans les méridiens. Il trouve son origine dans la transformation de la nourriture.
Les fluides
La médecine chinoise évoque 2 sortes de liquides : le Sang d’une part et les autres liquides organiques (lymphe, LCR, liquide synovial, sécrétions glandulaires, sperme, urine, sueur, …). Bien que les fluides soient considérés comme substances fondamentales, ils sont perçus comme moins raffinés, moins essentiels, que le Qi, le Sang, le Jing et le Shen.
Les fluides dérivent de la nourriture ingérée et sont absorbés et régulés par le Qi des différents Organes, en particuliers par la Rate les Reins. Ils ont pour rôle d’humidifier et de nourrir les tissus, de participer à la formation du Sang et à la thermorégulation du corps.
INTERACTIONS DES TROIS TRÉSORS
Jing conditionne la vie : c’est le Principe Vital
Qi met en mouvement la vie : c’est le Dynamisme Vital
Shen organise la vie : c’est la Conscience Vitale
L’association du Jing, du Qi et du Shen : c’est la vie
Troubles psychiques en médecine chinoise, Philippe Sionneau
Comprendre la médecine chinoise, Ted J. KAPTCHUK
La diététique du Tao, Philippe Sionneau
La médiation sinokinétique, Wilfrid Delamer
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