De façon globale, la posture humaine est le reflet, l’héritage, de l’évolution des hominidés vers la bipédie.
En paléoanthropologie, une des théories de la verticalisation est la descendance par le singe arboricole. Les facteurs climatiques ont certainement perturbés la production de nourriture arboricole et forcés les premiers hominidés à descendre de la canopée afin de pouvoir se nourrir. Les anciennes théories darwiniennes pensaient que l’évolution vers la verticalisation se faisait par pression sélective de facteurs environnementaux. Depuis quelques années est proposée une autre possibilité, les facteurs endogènes paléoembryogénétiques. La mutation serait d’abord embryologique et ne s’exprimerait au niveau phénotypique que si elle est viable dans les conditions environnementales. C’est-à-dire que la mutation ne va être visible et utilisée que si elle en a la possibilité dans l’environnement extérieur. La survie de chaque espèce dépend, entre autre de la richesse de la niche écologique où elle évolue.
La verticalisation de l’Homme est un processus évolutif qui lui a permis de libérer ses membres supérieurs pour la préhension et la communication. Ce nouveau mode de locomotion bipède a nécessairement entrainé de nombreux changements biomécaniques et notamment des modifications dans l’agencement du squelette. En voici quelques uns.
Les paléoanthropologues se fient particulièrement au crâne afin de déterminer le mode de locomotion quadrupédique ou bipédique. La forme de la mâchoire ainsi que l’orientation positionnelle du foramen magnum (trou occipital) sont déterminants dans la classification des hominidés.
La verticalisation s’associe à l’antériorisation du foramen magnum. L’attache de la tête se déplace sous le crâne, permettant une position horizontale de celle-ci.
Chez les hominidés verticalisés, l’étude du type occlusal et de l’usure dentaire permet de connaître le degré de flexion entre la tête et la colonne. La domestication du feu a également entrainé des changements sur la mâchoire. Avec l’amélioration des difficultés masticatoires à couper et broyer les aliments crus, le massif facial a moins eu besoin d’une mâchoire puissante pour le repas ou la morsure.
Lors de l’évolution vers la bipédie, le bassin se verticalise avec : sagittalisation des iliums, élargissement de la partie supérieure de l’os iliaque et rétrécissement sur la hauteur, élargissement du sacrum. Ces changements permettent ainsi un déhanchement plus fluide lors de la marche (passage du pas plus important dans le plan sagittal).
Conjointement à la verticalisation et au redressement du membre inférieur, le massif fessier se développe. Les ischios jambiers remplissent un rôle de plus en plus excentrique de contrôle et de ralentissement du membre inférieur lors des phases de balancement. Les petits et moyens fessiers participent à la stabilisation du bassin au cours de l’appui.
La hanche de l’homme moderne possède toujours plus de flexion que d’extension, vestige de notre passage par la quadrupédie. La verticalisation s’est accompagnée d’un gain en abduction et le muscle grand fessier va alors renforcer l’articulation sacro-iliaque et la stabiliser.
Le genou passe du varus au valgus ce qui permet une meilleure superposition fémorotibiale dans le cadre de l’appui unipodal. La boiterie d’épaule caractéristique lors de la démarche simiesque est ainsi évitée au profit de l’alignement des centres de gravité lors du passage du pas. Nous nous rapprochons ainsi plus de la démarche des échassiers qui possèdent également un valgus fémorotibial.
Les amplitudes de rotation du genou diminuent pour être plus conforme à la stabilité nécessaire pour la locomotion bipède.
La voûte plantaire se creuse et permet ainsi une meilleure gestion des vibrations réactionnelles lors de la marche.
Chez le singe, l’hallux est écarté et il a la possibilité de s’en servir comme organe de préhension. Chez l’homo-sapiens, l’hallux est large et dans l’axe ce qui va aider à supporter le poids du corps. Le 5ème orteil se raccourcit car il est moins nécessaire pour la marche.
Les courbures sinusoïdiennes rachidiennes apparaissent et la colonne lombaire s’allonge. Ceci va permettre d’aligner le centre de gravité à la verticale de l’appui. L’apparition de la lordose cervicale va ajouter la libération de La tête pour la mobilité et l’orientation du regard. La lordose lombaire quant à elle va donner la libération de la locomotion bipède.
Le centre de gravité va s’élever et libérer la ceinture scapulaire et permettre la dissociation des ceintures lors de la marche.
Les membres supérieurs, qui avaient auparavant un rôle locomoteur, se raccourcissent et deviennent préhenseurs. Ils assurent également un rôle de balancier lors de la marche afin de préserver l’équilibre.
Ils vont prendre de plus en plus une connotation sociale chez l’homme moderne et devenir des acteurs de la communication non verbale.
La main humaine est un organe aspécifique qui permet une adaptation à tous les milieux. Elle va peu à peu gagner en précision.
Cette différence avec les autres espèces permet une adaptation à toutes les niches écologiques et la colonisation de tous les milieux par l’homme.
Traité d’analyse posturale de compensations neuro-motrices
Wilfrid DELAMER
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