Au démarrage est le Tao. Il est indéfinissable et porte en lui toute la potentialité de l’univers créé et incréé. Il représente l’ordre naturel des choses. Sa traduction signifie voie, c’est une philosophie de vie et de conduite.
Ying & Yang
Le Tao se met en mouvement et donne naissance à deux principes : le yin et le yang. Ils représentent deux forces fondamentales, opposées, complémentaires et interdépendantes qui expliquent la manière dont les choses naissent, croissent, décroissent et meurent à travers la valse incessante des mutations-transformations qui caractérise l’univers manifesté.
Le yin et le yang s’opposent et sont interdépendants : ils ne peuvent exister l’un sans l’autre et ils n’existent que relativement l’un par rapport à l’autre. Il n’y a pas de jour sans nuit, de froid sans chaleur, de lumière sans obscurité.
Le yin et le yang s’engendrent et se transforment mutuellement : lorsque l’un croît, l’autre à tendance à décroître et inversement La vie est un mouvement perpétuel fait de cycles. Aucun des deux principes n’est dominant de manière durable. Lorsqu’un élément est à son paroxysme, l’extrême tension provoque une transformation. Une mutation s’opère vers l’autre aspect. Plus la lumière du jour s’installe, plus l’obscurité diminue.
Les taoïstes divisèrent la nature en attributs yin ou yang en fonction de leurs observations. Le yang créateur est masculin, accélérateur, actif, blanc, chaud et représente le côté ensoleillé de la montagne. Le yin est féminin, modérateur, passif, froid, introverti, il représente le côté sombre de la montagne. Le yang accélère, dynamise, tandis que le yin représente le ralentissement des énergies.

yin
Terre Lune Nuit Froid Humide Lent Bas Passif Intérieur Descendant Contraction

yang
Ciel Soleil Jour Chaleur Sec Rapide Haut Actif Extérieur Ascendant Expansion
Il n’y a pas de jugement de valeur, rien est bon rien est mauvais. Parfois il est nécessaire que le rythme s’accélère mais parfois il est meilleur qu’il ralentisse, tout dépend de la personne et du moment. De la même façon, quand une structure est soumise à des tensions, il faut toujours se demander par rapport à quoi. Sans point de comparaison, comment savoir si la structure est déséquilibrée : tout est question de référentiel.

Le tai ji représente les variations du yin et du yang. Dans ce symbole, les chinois ont voulu refléter leurs observations de la nature. Si l’on suit la circonférence du cercle, on retrouve l’alternance de façon infinie. A l’intérieure de la partie yang, on trouve le yin, pris dans la larme blanche, se trouve une sphère noire. Rien n’est tout à fait yin et rien n’est tout à fait yang, au plus se rapproche-t-on du déséquilibre extrême sans jamais l’atteindre. D’ailleurs, l’équilibre absolu n’est pas souhaitable car les rapports entre le yin et le yang sont dynamiques. C’est une perpétuelle recherche d’équilibre à l’intérieur d’un déséquilibre.
C’est un des principes de la médecine chinoise, rien n’existe sans son opposé. Le yin n’existe pas sans le yang. On retrouve également le concept dans le corps humain : interne/externe, haut/bas, forme/énergie. La partie supérieure du corps est plus yang que la partie inférieure ; les parties externes (peau, cheveux,…) sont plus yang que les organes internes. Lorsque l’individu est en bonne santé, yin et yang sont harmonieusement intégrés dans un équilibre dynamique. Le yin et le yang ne sont pas seulement un ensemble de correspondance, ils représentent aussi une manière de penser. Et dans ce système de pensée, toute chose est vu comme une partie d’un tout. Aucun élément ne peut être isolé de sa relation par rapport aux autres éléments. Aucune chose ne peut exister par et pour elle-même. Il n’y a pas d’absolu. Le yin et le yang doivent nécessairement contenir en eux-mêmes la notion de possibilité d’opposition et de changement.
Sous le ciel, tous savent que dès lors que le beau est jugé beau apparaît le laid. Tous savent que dès lors que le bon est jugé comme bon apparaît le mauvais.
C’est pourquoi l’il-y-a et l’il-n’y-a-pas mutuellement s’engendrent ; Le difficile et le facile mutuellement se complètent ; Le long et le court l’un à l’autre se comparent ; Le haut et le bas l’un dans l’autre se renversent ; Les notes et les sons s’harmonisent ; L’avant et l’après mutuellement se suivent.
Daode Jing – Lao tseu
Wu Xing – Les 5 mouvements
Les cinq mouvements sont les cinq étapes du cycle croissance/décroissance du yin/yang qui est à l’origine de toute manifestation. Chaque étape représente un « dosage » particulier du mélange yin/yang. Ils permettent de classifier tout phénomène naturel, mais aussi d’étudier les caractéristiques de l’organisme, de ses tissus et des relations que l’ensemble de ses structures entretiennent entre elles. Ceci s’applique aussi pour les propriétés d’un aliment, pour les relations entre le corps humain et son environnement, pour les émotions…
Il existe 5 éléments : l’eau, le feu, la terre, le métal et le bois. Chaque élément correspond à une loge énergétique.

Il exprime la germination, l’éveil de la nature. Le bois est associé au printemps, au vent qui réveille, vivifie, agite. Ceci évoque l’idée de dynamisme, de mobilité, d’agitation. C’est le mouvement de la naissance, de ce qui pousse, sort de terre, c’est la montée en tension des énergies. De façon simplifiée, il correspond à tout ce qui ressemble au vent : il monte, balaye sur son passage et repart aussi vite. Il faut de l’élément bois pour mettre en mouvement le corps mais point trop car la tempête interne peut emballer les énergies.

C’est le mouvement de l’extériorisation maximum. Il flambe vers le haut. Il est associé à l’été, période d’épanouissement, de maturation. Associé au soleil, il rayonne, réchauffe et peut même brûler. C’est le mouvement de l’action, il favorise les déplacements, les dynamismes, les métabolismes, les échanges.

Elle est au centre de tout. Elle est lourde et stabilise les autres éléments. Elle permet le passage entre les différentes saisons. La terre est la grande médiatrice aux qualités harmonisantes. Elle est la référence autour de laquelle les 4 autres mouvements s’articulent. Elle nous supporte, elle nourrit, c’est une matrice.

Après l’expansion maximale du feu (été) vient le retour vers l’intériorisation. Le métal est associé à l’automne, période de déclin, de récoltes, de bilan. Il exprime aussi ce qui est dur, sec, résistant, tranchant. C’est le mouvement de la descente, de la contraction, de la solidification de la matérialisation, de la condensation.

C’est le mouvement d’intériorisation maximum. Elle est associée à l’hiver, au froid qui congèle, qui durcit. L’eau de par sa nature fluide, sert également à humidifier, rafraîchir. Elle évoque aussi l’idée de stockage, d’accumulation. Elle descend plus qu’elle ne monte. Elle stagne au fond du puits. C’est le mouvement de calme, du repos, du non agir qui implique un retour vers l’intérieur.
Le système des 5 mouvements permet également d’étudier les phénomènes entre eux. Ceci a donné naissance à deux principes :
celui d’engendrement (Sheng) : les cinq mouvements se donnent vie mutuellement dans un ordre bien précis. Ce cycle explique le principe de transformation qui est à l’origine de toute création dans l’univers.
celui de contrôle (Ke) : si Sheng est l’accélérateur qui anime la vie, Ke en est le frein. Il permet de garder l’équilibre et de prévenir les excès qui pourraient générer de la dysharmonie. C’est un principe de régulation par autocontrôle.
Cycle d’engendrement SHENG
Le bois par sa consomption donne le feu
Le feu va laisser des cendres et donner la terre
La terre engendre les minéraux, le métal
Le métal va créer l’eau
L’eau va engendrer le bois
Cycle de domination KE
Le bois domine la terre par les arbres
La terre domine l’eau car elle émerge de l’eau
L’eau domine le feu
Le feu domine le métal en le faisant fondre
Le métal domine le bois car la hache abat l’arbre

Cycle d’engendrement
La mère nourrit la fille
Cycle de domination
La grand-mère contrôle la petite fille
Les théories du yin/yang et des 5 mouvements sont avant tout des outils exploratoires qui permettent d’avoir une représentation du monde. Celle-ci est basée sur l’analogie, la symbolique, la métaphore, … Il ne faut pas prendre ces concepts au premier degré mais comprendre le sens subtil caché derrière ces notions philosophiques ancestrales. Ils permettent d’ouvrir la conscience à des connaissances subtiles qui sont difficiles d’accès pour le mental.
Sans engendrement alors la croissance ne peut pas être, sans contrôle alors c’est l’excès qui est nuisible.
Lei Jing Tu Yi
Lao Tseu – Le Daode jing, Rémi Mathieu
Comprendre la médecine chinoise, Ted J. KAPTCHUK
Le taoïsme, Rémi Mathieu
La médiation sinokinétique – L’orient, Wilfrid Delamer
Laisser un commentaire